Isla Navarino

Publié le 1 Février 2014

L'île de Navarino sur laquelle nous avons accosté après une traversée du canal Beagle en Zodiac est encore faiblement peuplée. Elle est située au Sud d'Ushuaïa et appartient au Chili.
La topographie ici est très variée mais ce qui fait un des attraits de cette commune du Cap Horn est la fameuse chaîne de montagnes qui s'élève au centre Nord de l'île. Les Dents de Navarino, sommets qui portent bien leur nom avec leurs pics acérés sont le théâtre du trek le plus austral de la planète et certainement aussi un des moins fréquentés qui soit avec les moins de 800 marcheurs qui s'y sont rendus en 2013.
Arrivée donc à Puerto Wiliams mercredi à la mi-journée, nous décidons de compléter nos réserves de nourriture et de nous lancer à l'assaut du trek le même jour, la météo est au beau fixe! Départ sur le coup des 14h et après avoir marché quelques kilomètres depuis le village, nous arrivons au début du sentier.
Le temps s'est déjà couvert un peu et connaissant le côté changeant de la météo en Terre de Feu, nous nous préparons à être arrosés. Nous commençons de marcher au cœur d'une forêt de Nothofagus magnifiques avec les habituels passages de zones humides où la terre est constamment mouillée; nous prenons de l'altitude et pouvons apercevoir Ushuaïa de l'autre côté du canal, sur notre gauche. Le coup d'œil est fantastique et nous nous réjouissons d'en découvrir plus. Entre-temps, une légère pluie s'est installée sans que ce soit désagréable, comme nous sommes toujours à l'abri dans la forêt. Les choses changent au sortir de cette dernière car évidemment le vent est de la partie sur cette colline dégarnie. On remarque que si l'on est au Sud, ça n'a rien à voir avec celui de l'Europe question températures...
Nous poursuivons notre marche direction le premier site de camping situé à env. 5 heures de marche de Williams; la pluie tourne parfois en neige et nous ne pouvons pas deviner la forme des dents que l'on devrait normalement déjà voir car le brouillard est lui aussi de la partie!
Arrivés à notre endroit de camping, nous découvrons une tente qui est déjà montée; le choix de la place où nous allons poser la nôtre est vite fait vu que tout n'est que terre spongieuse ou boue sauf un endroit plus dur et "plus sec"...
La tente installée, Anouck qui a déjà bien froid s'occupe de gonfler les matelas pendant que je m'occupe de préparer le souper sous le mélange pluie-neige qui tombe sans trêve. Évidemment, à cet endroit qui doit être idyllique lorsque le soleil brille sur le petit lac, pas d'arbres assez hauts afin de s'abriter dessous, que des arbustes. Le souper avalé, nous nous préparons pour dormir, il n'est que 21h30 mais le seul endroit à l'abri est sous la tente; elle n'est pas des plus spacieuses mais une fois tout bien organisé, on s'y retrouve.
La nuit passe, arrosée et parfois balayée par des rafales de vent violent. Au petit matin, les précipitations n'ont pas cessé, alternant la pluie et la neige. Nous décidons de patienter et d'observer l'évolution de la situation. Quelques apparitions de ciel bleu et de soleil nous font croire que le temps est entrain de s'améliorer mais chaque fois après quelques minutes c'est de nouveau la grisaille et la neige. Tout n'est que boue autour de nous et nos voisins de tente, des bernois, ont déjà rebroussé chemin. Une heure plus tard, avec regrets, nous décidons de faire de même et nous entamons le retour sur Puerto Williams. Une fois au village, nous n'avons pas l'impression d'être sur la même île, il fait beau, pas de précipitations au village!
Après avoir trouvé une chambre dans un hostal, nous mettons à sécher toutes nos affaires mouillées. Plusieurs personnes m'avaient déjà parlé du magnifique petit village de pêcheurs de Puerto Toro situé au Sud-Est de l'île. Une fois par mois, un bateau s'y rend, gratuitement et comme c'est justement ce dimanche-là, nous nous disons que ce serait une bonne opportunité d'y aller.
Un jour passe et nous allons à la compagnie exploitante du ferry pour nous inscrire. Une fois sur place, le responsable des croisières nous dit qu'effectivement, le trajet est splendide mais que le bateau ne fera halte à Puerto Toro que l'espace d'une heure et demie. Nous nous regardons et comme l'envie d'aller trekker est toujours bien présente dans nos têtes, nous décidons d'y retourner, préparons nos sacs et le lendemain, après le déjeuner, départ!
Cette fois pas de pluie au programme et la cadence est plus soutenue qu'à la première tentative; en effet, nous avons décidé de marcher quelques heures de plus et de profiter de faire de l'avance tant que le temps sera sec. Il faut aussi s'imaginer qu'à bien des endroits, il n'y a pas de sentier et que des arbustes sont partout; il faut passer au milieu, grimper des talus de terre mouillée, le sol est glissant, imprévisible mais si sauvage! Par conséquent, pour ce qui est de la vitesse moyenne, il est rarement possible "d'avaler" les kilomètres tant la nature du terrain s'y prête mal. A plusieurs reprises, nous avons l'occasion de marcher en t-shirt, ce qui est assez agréable surtout lorsqu'on pense que nous étions parfois à plus de 55° de latitude Sud.

Après 8 heures de marche nous trouvons un endroit super joli, sur les hauteurs d'un petit lac, un ruisseau d'eau cristalline à quelques mètres de nous. La tente est rapidement montée, je m'occupe de faire un foyer, on ramasse du bois mort (merci les castors) il n'y a qu'à se baisser pour en trouver et c'est parti pour une agréable soirée, sans vent.
La cuisine au feu de bois est toujours meilleure et en même temps, nous économisons nos cartouches de gaz, on sait jamais! Un peu avant que la nuit tombe, nous nous mettons au lit, à l'abri des féroces moustiques qui s'acharnent sur le peu de mammifères présents...
La nuit est agitée, de fortes bourrasques de vent nous réveillent à plusieurs reprises et vers 07h30, la pluie s'invite. Cela me semblait étrange un jour sans précipitations! Après deux heures d'attente, le soleil est de retour et le ciel bleu également; nous déjeunons et le petit vent accompagnant le beau temps sèche la tente en même temps que nous finissons de nous préparer.
Au fil des heures de marche, nous découvrons des paysages superbes, tantôt de pure rocaille, tantôt de prairies humides. Chaque fois, de petits lacs apparaissent au fil des kilomètres avalés; nous franchissons un col, bien nommé "Ventarrón" où souffle un vent à décorner les bœufs. Cela nous laisse juste le temps de prendre quelques photos et de repartir, au risque d'être congelés sur place...
Nous continuons notre marche et commençons à chercher un endroit sympa pour passer la nuit mais pas avant d'avoir atteint le deuxième tiers du trek, de cette façon, on devrait pouvoir le terminer en 3 jours. Les heures passent et lorsque le sol n'est pas marécageux, il est jonché de pierres trop grosse pour pouvoir y monter la tente; nous poursuivons et finalement, il est déjà 19h30 lorsqu'on trouve de justesse un endroit où pouvoir dormir.
Le site est magnifique, sur un éperon rocheux, une vue presque panoramique, personne comme d'habitude. Évidemment le revers de la médaille est que nous sommes exposés au vent et on sent que l'on va vite mettre toutes les couches car en plus de souffler, ce dernier est glacial!

Pendant que je cuisine, Anouck installe les affaires dans la tente; à peine servies dans les assiettes, les pâtes sont déjà froides tellement ça souffle.
On se met vite au lit et on sent bien la différence de température, c'est la première fois que je ferme autant la fermeture du sac de couchage! La nuit est agitée, Anouck me demande si ma tente est solide car le vent est tellement fort que l'on pourrait craindre qu'elle se rompe mais je la rassure et hormis un mauvais sommeil tout se passe sans encombres.
Le lendemain matin, on déjeune, bien à l'abri dans la tente tellement il fait froid avec ce vent glacial qui n'a pas faibli. Ensuite, départ pour le dernier jour de marche en franchissant le col Virginia, le plus haut du parcours, situé à 849m d'altitude (le plus haut sommet de l'île est situé à 1118m). Arrivés au sommet, nous sommes ébahis par la beauté du lieu; de gigantesques corniches de neige de plusieurs mètres d'épaisseur entourent un cirque rocheux qui lui, surplombe un lac. En arrière plan, le canal Beagle que nous avons aperçu à plusieurs reprises pendant le trek. Après nous êtres régalés de cette beauté, le vent froid nous incite à continuer notre route; un lacet très raide serpente au milieu d'un pierrier et rejoint le lac. Depuis là, nous traversons une forêt avant d'arriver sur une plaine marécageuse; une autre forêt nous attend, la dernière cette fois. Dernière mais pas des moindres: Il nous faut nous faufiler entre les branches et les arbustes, camber des arbres couchés par le vent, éviter les étendues de terre boueuse en faisant quelques acrobaties. Non seulement nous n'avancions pas mais en plus il fallait essayer de trouver les rares marques de balisage constituées de traits de peinture sur les arbres afin de nous diriger au mieux. Après être enfin sortis de cette forêt, il nous restait à rejoindre la route qui nous ramènerait à Puerto Williams.
Quel chance d'avoir pu marcher ces trois jours par de magnifiques conditions météo au milieu de cette nature encore si belle est préservée!

Il nous restait un jour à passer tranquillement à Williams avant de reprendre le zodiac et retourner à Ushuaïa. Un jour qui allait finalement durer plusieurs car avec un vent de 25 nœuds ou plus, le petit bateau ne peut plus passer le canal Beagle, c'est trop dangereux.

Le côté embêtant est que nous avons eu deux jours de plus sur place sans avoir pu en profiter car il fallait être disponible au cas où les conditions auraient permis de traverser.

Jeudi a été le pire car le matin, après avoir su que le transfert était annulé, nous nous sommes quand même rendus à Puerto Navarino à 1h15 de minibus afin d’être sur place pour traverser (les navettes font le chemin en mer le plus court et le reste du voyage se fait en bus une fois sur l'île). Nous patientons et finalement la capitaine nous demande d'embarquer, nous allons faire une tentative. Cela ne me semblait pas les meilleures conditions et effectivement, une fois à la limite des eaux du canal, les vagues étaient trop grosses pour pouvoir les franchir en zodiac. Du coup, retour au port, attente du minibus qui était retourné à Williams et patience... Arrivés le soir au village, sans avoir dîné, il nous fallait encore trouver un endroit où dormir et aller souper car il faisait faim. Ici, quand quelque chose ne fonctionne pas, le client n'est pas aux petits soins: Pas de de nourriture ou boissons offertes, etc...

Dand l'ordre des photos: Les terres argentines vues depuis Puerto Navarino; campement à la 1ère tentative; déjeuner bien mérité; baies (Gaultheria pumilia); fleurs sous la neige; Ushuaïa de l'autre côté du canal Beagle; partiel des Dents de Navarino; côtes de bettes...; lacs; autre lac; campement; bateau à Puerto Williams
Dand l'ordre des photos: Les terres argentines vues depuis Puerto Navarino; campement à la 1ère tentative; déjeuner bien mérité; baies (Gaultheria pumilia); fleurs sous la neige; Ushuaïa de l'autre côté du canal Beagle; partiel des Dents de Navarino; côtes de bettes...; lacs; autre lac; campement; bateau à Puerto Williams
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Dand l'ordre des photos: Les terres argentines vues depuis Puerto Navarino; campement à la 1ère tentative; déjeuner bien mérité; baies (Gaultheria pumilia); fleurs sous la neige; Ushuaïa de l'autre côté du canal Beagle; partiel des Dents de Navarino; côtes de bettes...; lacs; autre lac; campement; bateau à Puerto Williams

Au col Virginia sur le circuit de los Dientes de Navarino

Rédigé par Michael

Publié dans #Highlights

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S
Merci pour la photo d'Anouck ! Elle est bien courageuse!<br /> bisous
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