En route pour le Grand Sud

Nous sommes partis jeudi pour l'Isla Navarino, située un peu plus au Sud qu'Ushuaïa.

C'est une île très sauvage et le tourisme y est encore peu développé; c'est ce que je recherche.

Donc départ de Natales avec Anouck avec dans l'idée de rejoindre Rio Gallegos en Argentine dans la journée. Nous passons le poste frontière de Casas Viejas, le plus petit des deux qui sont situés à quelques kilomètres de Puerto Natales; normalement c'est le plus rapide car peu de personnes transitent par ce poste frontière vu que sur le côté argentin, c'est juste une piste en terre.

Normalement disais-je car le douanier un peu dur de la feuille et apparemment mal luné ce jour-là a commencé à nous dire que l'on ne pourrait pas passer les frontières plus au Sud car mon auto est un véhicule qui ne peut s'utiliser qu'à l'intérieur de la zone franche, c'est à dire une zone qui part de Puerto Montt env. et qui se termine à l'extrême Sud. J'ai beau eu lui répéter que l'on voulait aller jusqu'à Ushuaïa avec l'auto mais pour lui il voyait ça au Nord... De plus, il m'a demandé qui était le propriétaire de l'auto alors que c'est bien écrit sur les papiers mais bon... De toutes façons, passer la frontière entre le Chili et l'Argentine ou vice-versa n'est jamais pareil.

Après avoir quitté le poste frontière chilien et non sans avoir laissé le douanier énervé derrière son guichet, arrivée au poste de l'Argentine et là, autre ton; toute souriante, l'employée répond à ma question de savoir si finalement il y a avait quelque restriction par rapport à l'emplacement de la zone franche, en me disant que non, tout va bien, aucun souci! Quelques instants plus tard, son collègue tout aussi sympathique nous invite même à passer de l'autre côté du guichet afin de nous montrer quelque chose sur la carte affichée contre le mur. Il nous explique que si nous passons par Rio Gallegos pour descendre à Ushuaïa, ce qui n'est pas le chemin le plus court, on aurait intérêt à faire un crochet par le Cabo Virgenes qui est situé à env. 150 kilomètres de la ville et qui est un lieu de reproduction des manchots de Magellan; la mauvaise humeur du douanier chilien est vite oubliée après cet épisode fort agréable.

Arrivés dans l'après-midi à Rio Gallegos, nous allons boire un café et ensuite nous nous mettons à la recherche d'un hôtel; la soirée est vite passée. Le lendemain matin, nous nous mettons en route pour le Cabo Virgenes; nous roulons une vingtaine de kilomètres et à la bifurquation pour rejoindre le cap, c'est donc parti pour env. 130 kilomètres de piste et pas la plus belle... En effet, quand ce n'est pas un champ de mines, cela ressemble à de la tôle ondulée. La seule solution pour que la voiture ne se transforme pas en shaker est de rouler à min 60-70 kilomètres à l'heure quand c'est bosselé mais quand il y a les nids de poule, comme ils sont plutôt profonds, je suis obligé de rouler plus tranquillement et vu que la majorité de la piste est un champ de bosse, il nous faudra près de 2h45 pour rejoindre la réserve de manchots.

A peine passés la barrière d'entrée du parc, nous apercevons le premier individu, au bord du chemin; pas farouche! Nous continuons de rouler tranquillement jusqu'au parc et nous pouvons déjà apercevoir plus de manchots, dissimulés parmi les arbustes nains qui jonchent le sol. Une fois l'auto parquée, c'est à pied que nous continuons, par un sentier bordé de petites barrières en bois qui chemine jusqu'à la plage.

Nous pouvons enfin nous rendre compte de la taille de la colonie, à vue d’œil, il doit y avoir quelques dizaines de milliers d'individus au minimum et c'est incroyable de pouvoir emprunter le sentier et se retrouver à parfois à moins d'un mètre d'eux! Les juvéniles qui ont env. 2 mois sont pour certains encore recouverts de duvet alors que d'autres sont presque sevrés.

Le plus incroyable est qu'à part eux et quelques autres oiseaux, nous sommes les seuls humains dans les alentours; c'est d'autant plus agréable!

Arrivés au bout du sentier, un mirador en bois haut d'env. 2 mètres permet d'observer la plage et de voir que partout c'est la même scène, des manchots partout. Ce qui est marrant c'est qu'ils ont des couloirs qu'ils empruntent pour aller à la mer et en revenir; le sable à ces endroits est couvert de traces de pas et de les voir gambader avec leur démarche si rigolote nous fait penser que nous sommes vraiment entrain de vivre un moment unique!

On aurait pu passer des heures à observer ces joyeux manchots mais il fallait quand même songer à faire demi-tour et c'est avec une immense joie que nous empruntions cet agréable chemin de terre afin de retourner dans les confins de Rio Gallegos. Quelques heures plus tard, nous étions arrivés à l'intersection que nous avions empruntée le matin; direction le Sud cette fois. Il était déjà 19h45 et nous ne savions pas où nous allions dormir; la route traversait d'immenses étendues, paraissant sans fin. Parfois il est difficile de trouver un endroit tranquille pour se poser car les bords de route sont toujours bordés de clôtures; ici, rares sont les terrains qui n'appartiennent pas à une estancia. D'ailleurs, hier, en roulant direction le Cabo Virgenes, nous avons vu plusieurs estancias et la plus grande de la région, la "Condor" à une superficie de 250'000 hectares...

A force de rouler, un panneau indiquant "Laguna Azul" attira notre attention et après avoir bifurqué et roulé quelques kilomètres, nous étions arrivés sur le site. A première vue, rien de particulier, sauf que l'endroit était recouvert de cailloux de couleur noire; une fois hors de la voiture, cela parut plus clair, c'était de la lave. En effet nous n'étions pas loin du parc de Pali Aike que nous avions prévu de visiter quelques jours plus tard; sachant que celui-ci est connu pour son activité volcanique de jadis et donc ses traces, il était évident que nous étions sur quelque site voisin du fait également que les alentours étaient recouverts de petites collines à l'allure de volcans.

Une petite exploration à pied nous fit découvrir un site magnifique avec un volcan éteint dont le fond du cratère est devenu un lac. Malgré la pluie qui nous accompagnait, la magie du lieu et le fait d'avoir trouvé un site pour passer la nuit nous était agréable. Une fois l'auto placée de façon à pouvoir préparer le souper à l'abri des précipitations, il fallait aussi penser à organiser notre lit pour la nuit, déplacer les affaires que nous avions dans le coffre, installer les rideaux que j'avais cousus il y a quelques semaines et faire à manger.

Le souper accompagné de cris de "bandurrias" animal à mi chemin entre un oiseau et un canard, au bec courbé d'env. 12cm de long, si coloré et beau à observer, se passa si agréablement que les heures n'avaient plus la même valeur. Néanmoins, le sommeil nous rappelait déjà à l'ordre et les kilomètres de pistes avalés la journée n'aidant pas, nous nous sommes endormis sans attendre.

Samedi matin; nous avions prévu de nous lever assez tôt et profiter de la journée en allant marcher sur les pentes du volcan vu la veille mais la pluie qui était toujours de la partie nous poussait à retarder l'heure de mise en route. Vers les 09h30, la pluie ayant cessé, nous nous levions et préparions le déjeuner; peu de temps après, le soleil faisait son apparition. Quel bien cela faisait, après froid et pluie, le t-shirt était presque de mise! Une fois les ventres rassasiés, un tour du volcan révéla toute la beauté du lieu et après avoir bien profité du paysage, nous reprîmes la route en direction de la frontière afin de retourner au Chili.

Arrivés à la douane, le nombre de voitures parquées laissait présager une certaine attente; le retour de vacances aidant, 3 heures de queue allaient être nécessaires afin de se retrouver du côté chilien... La patience est la première qualité à avoir en Amérique latine...

Après un bout de route nous arrivons à env. 30kms du parc de Pali-Aike, plutôt vers les quelques maisons qui seront les dernières avant l'entrée de ce dernier. Là, nous trouvons une cabaña (chambre) qui ressemble plus à un motel de routier... Le lendemain matin, départ pour le parc dans lequel nous passons la journée; c'est un site superbe, très sauvage et peu fréquenté, couvert de lave pour une grande partie de sa surface, ce parc est aussi une réserve de guanacos, ñandus ou autre puma.

Fin de journée, nous passons en Terre de Feu après avoir embarqué la voiture sur un bac; 20 minutes de traversée auront suffi. Le soir, après avoir fait quelques emplettes dans un village, nous trouvons, non sans mal un coin un peu tranquille pour dormir; en effet, comme toutes les estancias sont cancelées et qu'il n'y a quasiment pas de terrain qui n'appartient pas à un privé, c'est parfois compliqué de trouver un lieu autre qu'un bord de route...

Lundi matin, nous nous rendons à 25 kms d'où nous avons dormi afin d'aller voir des manchots rois cette fois mais une fois arrivés, on constate que le prix que nous avions trouvé sur le net est bien celui-là et qu'il est trop cher! Nous n'avons pas envie d'engraisser des proprios d'estancias peu scrupuleux et qui n'investissent pas un centime dans la protection des animaux.

Demi-tour et en route pour Rio Grande où nous arrivons dans l'après-midi après un passage de la frontière fort agréable et professionnel des 2 côtés cette fois-ci!

Nous allons passer 2 nuits ici, on a trouvé un hostal super cool, on peut camper dehors, utiliser toutes les infrastructures que l'on veut pour pas cher en plus. Surtout, il y a le wi-fi pour une fois et du coup je peux envoyer mon article du blog!

Manchots au Cabo Virgenes; Laguna Azul; laguna; scarabées; guanaco et couches de laves au Pali Aike